JAZZ MANOUCHE
Rendez-vous sur les sites des amis
 

 

NOUVEAU
Après la sortie de leur premier CD suivi de nombreuses dates (festivals, salles de spectacles, 1er partie de Titi Robin,
des Pommmes de ma douche,) le quartet swing manouche
(et autres voyages)
Caragoss' organise leurs prochaines saisons.

Si cela vous interresse vous pouvez les voir et surtout les écouter sur leur site
http://perso.wanadoo.fr/caragoss/


Festival International Jazz MANOUCHE Django Reinhardt
A TURIN (Italie)
Septembre

Pour information:
www.djan
goreinhardt.it
Monica: 0039.3929449898
"Associazione jazz manouche Django Reinhardt"

http://lespommesdemadouche.com
http://www.cordalswing.com.ar/principal es.htm
http://perso.wandoo.fr/michel.joue-fong

http://django.samois.free.fr
http://axeswing.free.fr
http://maisondujazz.org


http://www.amketenes.com

http://www.gypsyjazz.net

édition été 2002

http://www.gadjodrom.com
Site de qualité et bien documenté de Christophe Wait sur le jazz Manouche. Outre les informations historiques (dont une bibliographie de Django Reinhardt), discographiques, bibliographiques; ce site est idéal pour les personnes voulant s'initier au Swing tsigane. Il comprend, en effet, une rubrique méthode d'apprentissage (avec des animations flash) et une autre proposant des grilles d'accords. Le tout est complété par une sélection de liens externes commentés: sur le jazz manouche et les autres musiques tsiganes, des luthiers. Notons, enfin, la présence d'un forum de discussion. La navigation y est fluide et la mise en page agréable.

http://www.lechodescuilleres.com
Ancien fanzine consacré à la guitare manouche animé par Doudou Cuillerer, "l'Echo" s'est mué en journal en ligne très performant dans le domaine de l'actualité du style (concert, stage, festival, chronique de CD avec des extraits musicaux). On y trouve des informations sur les luthiers, les écoles, une galerie de dessin et de peinture sur le thème et une méthode d'harmonie en ligne mise au point par André Venturini concepteur de ce beau site, riche en animations graphiques. A signaler une intéressante rubrique de portraits de musiciens, des concerts en vidéo, (dont les mythiques images de Django Reinhard interprétant "j'attendrai"), un forum et une liste de liens. A travers les listes de liens des sites précédemment décrits, les admirateurs de Django Reinhardt et les amateurs de jazz manouche seront comblés. SON ET VIDEO


Jazz manouche de France
Newsgroup for swing guitarists
Robin Nolan Trio
Trio Swing 99
Fapy Lafertin quintet

Du jazz dans le Pacifique
Daniel Willem (Belgique)
Tout sur la pratique "des jazz"

http://www.hoclub.co.uk

http://groups.yahoo.com/group/gypsyjazzguitar
http://www.robinnolantrio.com
http://www.trioswing99.nl
http://www.hotclub.nl
http://www.notrenet.net/gypsyjazz/index
http://www.danielwillem.com
http://www.guitarejazz.com/truc-et-astuce
Company eimers guitars
Gerrit Van Bergeijk
John le voi guitars
Wegens guitar picks
http://www.eimers-guitars.nl
http://www.gitaarbouw.nl
http://www.levoi.freeserve.co.uk
http://www.wegenpicks.com
Ecoutez
MORENO

 
  
  
  
Quand Django jouait sa légende

Il y a cinquante ans, le 16 mai 1953, mourait Django Reinhardt. Considéré comme l'un des grands inventeurs de la guitare moderne, ce musicien tsigane avait mêlé à sa culture d'origine celle du jazz, qu'il avait découvert dès 1931. Il reste une des références du genre.

Fantasque, accidentel, ou grand obsessionnel du son ? Négligent, ou couchant avec la musique ? Fraternel, ou solitaire jusqu'à l'absurde ? Django Reinhardt (1910-1953), comme Louis Armstrong, comme Duke Ellington ; comme Lester Young, comme Charlie Parker et Thelonious Monk ; comme Dizzie Gillespie ou Don Cherry, Django est à lui seul le jazz incontestable. Il incarne le jazz, son évidence, sa vérité et son mythe. Il l'incarne et il ne l'est pas.
Aimer le jazz, c'est ne pouvoir se passer d'aucun de ces noms, plus quelques autres. Django a sur eux le privilège d'arriver en second. Il accueille dans sa musique même (tsigane, musette, manouche) leur musique noire à eux. Il la découvre en 1931, vers le milieu du mois de mai, le 16 probablement, dans l'atelier du peintre Savitry. Il prend sa tête dans ses mains et fond en larmes. Avec "Nin-Nin" (Joseph, son frère), il revient pleurer tous les jours. Il est âgé de 21 ans. L'atelier est une chambre d'hôtel à Toulon. Django grave ses premières cires comme guitariste avec l'orchestre du Lido que dirige Louis Vola. Séance du 28 mai au Grand Théâtre de Toulon : Canaria et C'est une valse qui chante.
Vingt-huit mois plus tôt, la nuit de Toussaint 1928, la roulotte qu'il partage avec sa femme Bella brûle (une chandelle pas tout à fait morte, des fleurs en Celluloïd). Elle attend leur fils Lousson. Entre porte d'Italie et porte de Choisy, derrière les "fortifs", Django vient d'installer sa verdine. Il rentre presque à l'heure de la java, faubourg du Temple, bastringue d'Apaches où il joue avec Maurice Alexander (accordéon). Il en a sa claque de ces guinches à faux poètes où l'on débite de médiocres musettes. Il flambe sa fraîche au poker. Personne ne sait comment il réchappe à l'incendie de la roulotte.
Mais, porte de Choisy, tout le monde sait qui est Django, sa beauté altière, sa classe, sa fine moustache, ses dons au-dessus de l'art ordinaire, son exigence. A l'hôpital Saint-Louis, il interdit qu'on lui coupe la jambe. Nin-Nin apporte une guitare neuve. Django reste dix-huit mois alité. Il rééduque férocement sa main gauche et son mental, absolument seul. Avec ce léger sourire de malice et de bonté que surligne la fine moustache.
La main gauche, pour un Manouche, ne l'emporte pas forcément sur l'autre (le poignet droit, le battement, la pompe, tout en précision et force), mais tout de même... Annulaire et auriculaire sont paralysés, bloqués en position fœtale, crispés à jamais sur une quinte très diminuée. Django s'en sert pour les accords, quelques points de passage, et réinvente un doigté phénoménal. Il était banjoïste de guinche : le voici grand brûlé, guitariste en renaissance.
Il a son fils, Lousson, se sépare de Bella puisqu'il aime Naguine, revient de l'enfer. Pendant dix-huit mois, sa mère, Negros, n'a pas quitté son chevet : "A quoi penses-tu, mon fils ?" Chaque fois, invariablement : "A ma main !" (Alain Antonietto et François Billard, Django Reinhardt, éd. Lieu commun, 1993).
Stephen Mougin, pianiste, approfondit l'initiation de Django. Finis bastringues et baloches. Django rencontre Stéphane Grappelli, autre enfant de la balle, autre "être sans attaches" (Charles Delaunay, Django mon frère, éd. Losfeld, 1968). Ils fondent le Quintette du Hot Club de France (huit ans de triomphe public et professionnel) : un violon, trois guitares, une basse, quatre moustaches, fines comme la citation du regard et l'ombre portée des lèvres. Grappelli n'en porte pas.
En revanche, il se souvient du fou rire de Django, en 1939, sous un grand portrait du Führer ; ils sont en route pour la Scandinavie, interrogés en Allemagne, la lumière fait trembler la moustache de Hitler : "J'eus bien du mal à arranger les choses, non sans y laisser tout notre argent" (Stéphane Grappelli, Mon violon pour tout bagage, Calmann-Lévy, 1992).
Par parenthèse, comme "être sans attaches", on fait mieux. La communauté manouche est l'une des plus serrées, des plus chaleureuses, des plus musicales. Django y est toujours revenu, elle a toujours été avec lui. Le plus frappant sans doute est sa force de séparation - séparation des origines faciles (ce qu'on fait de la musique tsigane), du musette, des premiers orchestres de jazz, de la formule du quintette. L'art de Django est un art serein, épanoui. Il est de son vivant une légende immédiate.
Sa légende fait des questions. Son jeu les déjoue une à une. Chaque trait, chaque note a un tel degré de musique, que même salement gravé, incertainement entouré, il irradie d'une joie brillante. "Tous ceux qui l'ont entendu jouer Souvenirs ont eu de la chance" (Henri Crolla, guitariste, passeur entre Django et les musiques populaires).
Des preuves ? Les plus ténues, aussi fortes, aussi nécessaires que les puissantes : le Saint Louis Blues du 9 septembre 1937 ; Manoir de mes rêves du 13 décembre 1940 (séance du célébrissime Nuages) ; le Stardust (2 février 1935 avec Coleman Hawkins), le Crazy Rhythm, le Bill Coleman Blues (19 novembre 1937). Les musiciens afro-américains ne semblaient pas seulement admiratifs : ils avaient l'air amoureux de sa musique. Des preuves encore, au nombre des secondaires ? Les plages de Jean Sablon avec André Ekyan (16 janvier 1934) ; le délicieux Je sais que vous êtes jolie du 11 avril de la même année.
Il n'y a rien d'étonnant à ce qu'il fasse ses expériences surprenantes nuit et jour toute sa vie : les Essais de 1934, en août, quel titre ! les titres de Django, avec Joseph et Juan Fernandez ; son goût immédiat pour la guitare électrique (1946), les nouveaux micros, les nouveaux amplis qui l'emballent, ou ses rencontres avec les novateurs, Dizzy Gillespie, les jeunes loups du Club Saint-Germain, ou la nouvelle génération des pianistes : Maurice Vander, Martial Solal (dernière séance en avril 1953). La nuit, il arpente les rues de Paris avec le contrebassiste Pierre Michelot. Ils s'expliquent la révolution des modernes. Ils sont bouleversés, ils attendent le premier train.
Quant à sa dernière version de Nuages (10 mars 1953 : avec Vander, Pierre Michelot et Jean-Louis Vial) ? On peut sans trop de mal soutenir que c'est la plus belle. En raison de cette autre raison qui l'habite et qu'ont toujours sue Manouches et jazzmen.
Si bien qu'en Django, qu'on aime tant en Manouche fantasque, on pressent une logique implacable. La première fois qu'il entend Koko, il reconnaît les harmonies de Cherokee. Sur Ravel, il fait reprendre une pianiste qui proteste. Plus tard : "C'est lui qui avait raison, ce n'était pas l'enchaînement qu'avait écrit Ravel."
Quelques jours après une séance avec un jeune pianiste, Martial Solal, Django est frappé de congestion cérébrale au cours d'une partie de pêche. Il en meurt, le 16 mai 1953, à l'hôpital de Fontainebleau. Enterré au petit cimetière de Samois-sur-Seine, avec Lousson, son premier fils, qu'on entend une fois à ses côtés, et Babik désormais, délicieuse personne et brillant créateur qui n'a jamais voulu faire oublier son père. C'était le pari le plus sage.

Francis Marmande

Le Monde - 13 mai 2003



Pour s'y retrouver en "djangologie"

Sous étiquette Django Reinhardt, pas loin de cent cinquante références phonographiques existent sur le marché. Une jungle éditoriale rarement de bonne qualité, d'où émergent quelques productions de bonne tenue. En y ajoutant quelques lectures et concerts, il est possible à l'honnête homme de faire le point sur une œuvre et un parcours toujours d'actualité.
Deux intégrales.
Passée dans le domaine public, la totalité des interprétations de Django Reinhardt, de 1928 à 1951, est disponible. Depuis 1995, Daniel Nevers supervise The Complete Django Reinhardt, une série de doubles CD Frémeaux & Associés (distribution Night & Day). Tout Django y est, avec le moindre gratoullis derrière des voix oubliées, des diffusions radiophoniques, des enregistrements privés réalisés par le guitariste, plusieurs prises d'un même thème... Dix-sept volumes ont été publiés (jusqu'à l'année 1949) sur une série qui devrait en compter vingt. Pour complétistes acharnés.
La série The Chronological Django Reinhardt de Classics (distribution Mélodie), collection dirigée par Gilles Pétard, privilégie les séances où le guitariste est en première ligne, avec les différentes versions du Quintette du Hot Club de France, en duo, trio, grand orchestre, etc. Quinze volumes simples constituent, à ce jour, cette intégrale qui va de 1934 à 1947 et évite les séances alimentaires et panouilles pour la chansonnette.
Compilations récentes. Déjà éditée en deux volumes distincts dans la collection "Jazz Reference" de Dreyfus Jazz (distribution Sony Music), la quarantaine de titres choisis par le producteur Francis Dreyfus dans le double CD L'Or de Django (avec trois titres ajoutés) constitue le moyen le plus sûr pour débuter en "djangologie". Qualité du transfert au CD et parti pris réussi d'une spatialisation qui donne de l'ampleur et du volume à ces enregistrements échelonnés entre 1935 et 1951.
Deux CD de la série Jazz in Paris chez Emarcy (distribution Universal Music) permettent de se procurer les dernières séances de Django Reinhardt de 1951 à 1953, correspondant à son intrusion dans le bop : Nuits de Saint-Germain-des-Prés (vol. 90) et Nuages (vol. 91). Universal Music distribue aussi le triple CD Rétrospective 1934-1953, dans sa collection économique "Saga Jazz".
La compagnie EMI, qui détient la majeure partie du catalogue Django Reinhardt, décline les enregistrements en trois niveaux : le double CD 40 titres d'anthologie, honnête choix d'interprétations fameuses ; le triple CD Swing Jazz, qui fait souvent doublon avec ce "best of" et consacre un CD entier au Django accompagnateur de la variété des années 1930 ; six volumes thématiques où se distinguent Django et les Américains, Django en grande formation et Django et le Quintette du Hot Club de France.
L'héritage filial de Django Reinhardt est illustré avec Babik joue Django, réédition chez RDC Records (distribution Mélodie) d'un disque vinyle 33-tours enregistré en 1974 par Babik Reinhardt avec, notamment, le contrebassiste Alby Cullaz.
Lectures. Les trois magazines concurrents mettent Django Reinhardt à leur sommaire de mai. Jazz Hot (no 600, avec le pianiste Oscar Peterson en couverture) s'intéresse, notamment, à des guitaristes qui prolongent l'esprit de Django, et aux souvenirs d'anciens compagnons. Jazz Magazine (no 537) interroge 32 guitaristes de tous styles sur l'influence de Django, dresse une chronologie au travers d'enregistrements pertinents et analyse la part d'éternité du musicien. Jazzman (no 91) se concentre sur la modernité de Django Reinhardt dans un dossier qui comprend aussi une biographie détaillée et un entretien avec Sacha Distel. Livres : Django, de Patrick Williams (éd. Parenthèses, 1998) ; Django, le génie vagabond, de Noël Balen (éd. du Rocher, 2003) ; Django Reinhardt, d'Alain Antonietto et François Billard (éd. Lieu commun, 1993) ; Django, une BD d'Aurel avec un double CD (éd. Nocturne, 2003).
Concerts. Parmi les hommages d'un soir, concerts événementiels et festivals : Christian Escoudé big band et Martial Solal au Grand Auditorium de la BNF à Paris (16 mai, 20 heures, tél. : 01-53-79-49-49) ; les formations de Dorado Schmitt, Noë Reinhardt et Ninine Garcia au Chabada d'Angers (16 mai, 20 h 30, tél. : 01-40-33-30-60) ; Festival Django à Liberchies, ville de naissance du guitariste, en Belgique, avec Philip Catherine, Reinhardt Trio, Angelo Debarre, Daniel Willem... (du 15 au 18 mai, tél. : (00-32) 71-84-02-53) ; Djangologie souvenirs, avec Rosenberg trio, Dorado et Samson Schmitt, Tchavolo Quartet, Angelo Debarre, Ninine et Mondine, David Reinhardt..., place de la Bastille, à Paris (le 25 mai, à 14 heures, gratuit). A la Chope des Puces, 122, rue des Rosiers, à Saint-Ouen, Mondine et Ninine invitent les héritiers les samedis et dimanches (tél. : 01-40-11-02-49).

Sylvain Siclier

Le Monde - 13 mai 2003


Les Reinhardt du Val-d'Oise, Manouches virtuoses, cultivent guitare et jazz

A Pierrelaye, le 8 mai, les gens du voyage, héritiers musicaux et familiaux de Django, se sont retrouvés pour célébrer sa mémoire, entre caravanes
et feux de bois.

Pierrelaye (Val-d'Oise) de notre envoyée spéciale

Un jour, âgé de 15 ans, Noë Reinhardt trouve devant la caravane familiale, à Herblay (Val-d'Oise), une feuille volante : "Jam session à L'Equinoxe de Pierrelaye." "Je l'ai ramassée. Je ne savais pas ce que c'était, une jam session." Le gamin, guitariste comme papa, débarque dans la salle municipale de Pierrelaye, localité voisine, avec un capital musical : la nouvelle musique traditionnelle des Manouches, le jazz à coloration or et pourpre inventé par Django Reinhardt, et patiné par ses héritiers - de Babik Reinhardt, son fils, à Romane ou Bireli Lagrene, le prodige.
Qui est Noë Reinhardt ? Généalogiquement : "Django était le cousin germain de mon grand-père." Ou mieux : "La mère de Django était la sœur de mon arrière-grand-père." La grande famille des Manouches - les Tsiganes du nord du Bassin parisien, de Belgique et d'Alsace - se décline en plusieurs générations et en cousinages imperceptibles au gadjo. Noë, Manouche francilien de 24 ans, vit en caravane ; il a monté une entreprise de couverture-toiture et joue de la guitare le soir.
Le 8 mai, Noë était de retour sur le terrain de ses débuts, à Pierrelaye, pour un concert en plein air en hommage à Django Reinhardt. Les copains ont construit le bel édifice du feu de bois, un patriarche portant chapeau et grosses moustaches trône, avec son clan. Les femmes, certaines avec enfants, apparaîtront beaucoup plus tard, pour fredonner O Letchto Gurko, chanson composée en 1975 par le violoniste virtuose Schnuckenat Reinhardt (ces Reinhardt-ci étaient allemands, et furent exterminés par les nazis). Il y est question "d'argent et de chevaux", explique Doudou Cuillerier, un gadjo élevé au petit-lait des itinérants (site : www.lechodescuilleres.com), qui chante en langue manouche. Ravigoté par le swing irrépressible, le chef de clan rondouillard dansera avec une grâce féline, féminine, apanage des Tsiganes de Nyirvasvari (Hongrie) ou de Jerez (Espagne).
Noë Reinhardt a amené Sami Daussat, autre jeune guitariste de la tradition djanguiste - ils ont par ailleurs monté un trio avec David Reinhardt, le fils de Babik. Tandis que grillent côtelettes et merguez, débarque Angelo Debarre. Blouson de cuir clair, guitare blanche, cheveux en arrière, Angelo joue selon les règles du genre : un culot phénoménal pour monter et descendre les gammes comme si c'était facile, la cigarette coincée entre deux doigts de la main droite.
En 1946, Django Reinhardt jouait Echoes of France, improvisation sur la Marseillaise, avec le violoniste Stéphane Grappelli. Angelo Debarre égrène les premières notes de l'hymne national, façon manouche, perlée, à l'aise, espiègle, taquine. Il a joué avec Bratsch, Petro Ivanovitch, Moreno, le Hot Club de Norvège. Mais, n'aimant pas "être en maison", il vit "en camp" dans le Val-d'Oise, et a fait du club Guitare Village de Domont son QG.

L'INTÉGRATION, AVEC PRUDENCE
Les gens du voyage fréquentent depuis des siècles les foires de la Saint-Martin à Pierrelaye et à Pontoise. Travailleurs saisonniers, ils se sont souvent arrêtés dans la plaine de Bessancourt-Herblay-Pierrelaye, où, depuis 1890, se répandaient les eaux usées de Paris, favorisant les cultures maraîchères, jusqu'à ce jour de 2000 où l'on découvrit des métaux lourds dans les légumes. Ferrailleurs, casseurs - professions en difficulté -, les Manouches de Pierrelaye ont été moins atteints par l'interdiction du maraîchage que par les restrictions de stationnement.
Trois mille caravanes des gens du voyage sont recensées dans le Val-d'Oise ; Pierrelaye (7 000 habitants) en héberge 200. La municipalité dirigée par Michel Vallade (PCF) n'a pas cédé aux sirènes des expulsions pour occupation illicite des terrains municipaux ou privés - pratique exponentielle depuis la loi de sécurité intérieure de Nicolas Sarkozy. Le préfet du Val-d'Oise a prévu 56 emplacements supplémentaires de caravanes à Pierrelaye, contre un seul pour la commune voisine de L'Isle-Adam, dont le maire est Axel Poniatowsky (UMP-DL). Une injustice, selon les élus de la bourgade francilienne, où les Manouches sont en majorité sédentaires - "ce qui, à l'heure de l'automobile, de l'avion, ne veut pas dire qu'ils ne se déplacent pas", précise l'ethnologue Patrick Williams.
Les gens du voyage ont de l'intégration une idée prudente et circonstanciée, mais ils collaborent. Ce 8 mai, autour du feu, le pharmacien jouera du saxo, une jeune gadjo inconnue, de la contrebasse, une habituée, de l'accordéon, sous l'œil satisfait d'Alain Lamone, directeur commercial le jour, responsable de l'association Jazz Session le soir. Mais, "quand les guitares se taisent, les "voleurs de poules" et autres "romanichels" reviennent sur le tapis", dit un Manouche du sud de Paris, canette de bière en main.
Django au coin du feu ? Oui, mais "ils sont parfois dans un état de précarité tel que la culture traditionnelle n'a plus aucun sens", indique Jean-Pierre Boullanger, de l'Association départementale voyageurs-gadjé (Advog). Minor Swing ou Caprice ? A condition d'avoir des campements décents au sens tsigane - quinze caravanes au moins sur un même lieu. Cependant, depuis que le grand public redécouvre le genre - soirée mémorable à la Maison des arts de Créteil en 2002, affluence au festival Django de Samois-sur-Seine -, le jazz manouche restaure l'image de soi.
Anecdote : de jeunes Manouches débarquent avec des filles à la médiathèque de Pierrelaye. Ils demandent à la bibliothécaire Sylvie Pessis de "passer du Django". Un petit air de Nuages, et ils se tournent, fiérots, vers les filles : "T'a vu, ça, c'est chez nous." Django comme argument de drague, "c'est beau", dit la bibliothécaire.

Véronique Mortaigne
Le Monde - 13 mai 2003


Le rendez-vous manqué avec Duke

Ethnologue au CNRS (laboratoire d'anthropologie urbaine), Patrick Williams est né en Corrèze. Sa grand-mère tenait un bistrot que fréquentaient les Tsiganes. Spécialiste de la culture tsigane (sa femme est kalderash), il a publié Mariage tsigane (1993) et Django (éd. Parenthèses, 1998). Il tient à resituer les idées rebattues à propos de Django Reinhardt.
"A la naissance, les Manouches, qui descendent des premières bandes tsiganes du XVe siècle, ajoutent aux nom et prénoms de l'état civil un surnom : Tchavo, le garçon, Tchaj, la fille ; Niglo, le hérisson, ou Bero, l'ours ; Gip, la neige, ou Luna, le soleil. Ou encore Blotshero, le chauve, Souto, l'endormi, ou Rizo, le malin. De tous les surnoms, Django est le plus rare. Django aimait son nom de Django, qui signifie "je réveille"."
Les Manouches sont désormais dans les villes aussi intégrés que fortement attachés à leur communauté, explique Patrick Williams, qui écrit dans Django (p. 17) : "Le silence des Manouches sur Django, ce silence qui empêche de connaître tout de Django (...), il faut y voir un geste de la communauté pour garder en son sein un de ses fils."
En 1946, il y a l'épisode incertain où Django se rend, sans instrument, à l'invitation de Duke Ellington aux Etats-Unis. Documents et traces sonores l'attestent, le public lui fait fête, l'orchestre ponctue, mais ne joue pas le jeu. Lors du second concert à Carnegie Hall, Django oublie l'heure, rencontre par hasard le boxeur Marcel Cerdan, traîne sans s'en faire avec lui, arrive à la fin du concert, mais joue très bien. Duke vient à l'hôtel le lendemain, mais Django le devance : "Duke, je n'ai plus envie de jouer avec l'orchestre." Il reste trois ou quatre mois, traînasse, s'ennuie à périr sans plus quitter sa chambre.
Ses meilleurs moments avec Ellington ? Dans le train, dans le compartiment privé de Duke. Il écrit seulement à sa famille et à Grappelli. "On a dit tant de bêtises sur leurs relations, dit Patrick Williams. Mais s'ils ne s'étaient pas aimés, ils n'auraient pas inventé cette musique ! Le reste leur appartient. Il y a cette lettre à Grappelli, en majuscules, sur papier d'hôtel : "Duke est le plus grand."
On dit Django fantasque, insaisissable, capricieux. Aurait-on oublié ou perdu ce droit à disparaître ? La liberté d'être soi ? Chez les Manouches, "les choses importantes, on n'en parle pas". D'où la conclusion de Patrick Williams : dans la communauté, Joseph Reinhardt était le plus prestigieux ; Babik a porté avec cœur la difficulté d'être fils, "et les Manouches n'ont pas pu faire de Django un mort comme les autres".

Francis Marmande

Le Monde - 13 mai 2003

Un beau coffret de 3 CD avec un livret (80 pages)
est sorti à l'occasion du cinquantième anniversaire de la mort de Django
(SAGA - réalisé avec le concours de la discothèque de Radio France)

Retrospective Dango
1934 - 1940
Retrospective Django
1940 - 1947
Retrospective Django
1947 - 1953
   

The incredible guitar player Jimmy Rosenberg (23) had fantastic success on his three weeks tour for Hot Club Records, ending yesterday. He was the star at the Django Festival in Oslo (30-31 January), followed by recording sessions, and culminating in 10 concerts with Hot Club de Norvège: The new CD with the Jimmy Rosenberg Trio is absolutely amazing, and will be released in only two months - in time for the summer festivals. We predict that Jimmy Rosenberg will be this year's top wherever he will be featured! And remind all our contacts of Jimmy's new booking manager:
Marco Beugelsdijk marco@jimmyrosenberg.nl - phone (0031) 618374028 - call him today! Jimmy is magic!
Best wishes,
HOT CLUB RECORDS
Jon Larsen

ROMANO SWING
ABOUT DJANGO (Fr)
http://www.about-django.com

Bienvenue sur Django.fr.fm (Fr)
http://djangoreinhardt.free.fr/

Cultures Tsiganes (Fr)
http://www.cultures-tsiganes.org/

D j a n g o S w i n g p a g e (En)
http://www.hotclub.co.uk

Des liens vers des sites de jazz manouche (En)
http://www.djangomontreal.com/doc/FavLinks.htm

Django Books (En)
http://www.djangobooks.com/

Django Reinhardt Centre de Documentation (Fr)
http://www.djangomontreal.com/

Django Station (Fr)
http://www.djangomontreal.com/

Site consacré à la musique manouche. Un hommage à Django Reinhardt, Web site for gypsy music. Django Reinhardt hommage


Djangology (En)
http://www.djangology.net/

Pour tous les passionnés de musique manouche, ce site est une mine d'or. Bien que rédigé en anglais, vous y trouverez de nombreuses informations sur l'improvisation, les accords et l'emploi des gammes et chroniques sur la musique manouche en général.

Esprits Nomades (Fr)
http://www.espritsnomades.com/index.html

site de l'association artistique et musicale Esprits Nomades Toulouse (France)

Etudes Tsiganes (Fr)
http://www.etudestsiganes.asso.fr/musique.html


FORUM MUSIQUE DU MONDE et jazz manouche (Fr)
http://opama.forumculture.net/index.htm


Gypsy Guitar (En)
http://www.gypsyjazzguitar.com

Une trés bonne section vidéo, cliquez sur le lien média


Jazz manouche (Fr)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jazz_manouche

Histoire et Origines de la musique manouche


L'oreille manouche (Fr)
http://www.loreillemanouche.com/

L'Oreille Manouche.com est un site pour les guitaristes et autres musiciens de jazz manouche afin d'échangez ses connaissances et créations autour de ce style.


manoucheries.com (Fr)
http://www.manoucheries.com/


Ressources pour le jazz manouche (Fr)
http://www.gypsyjazz.net


Swing Manouche (Fr)
http://jazz.manouche.free.fr/

Tout sur le jazz manouche, de ses origines à la technique typique du style pour la guitare, en passant par les artistes incontournables ou les disques références.

Une trés jolie page de liens consacrée au jazz manouche (En)
http://www.oliver-waitze.de/d_j_a_n_g_o%20links.htm

2 - Festival guitare

1er Festival de Jazz Manouche Django Reinhardt (Fr)
http://digilander.libero.it/django.reinhardt/

Festival organisé en Italie
Django Festival (En)
http://www.djangofestival.com/